L’heure est venue de piéger les fondatrices des nids primaires de frelons asiatiques cruels bouffeurs d’abeille qui ont décimé 30% de notre rucher cet automne…
Nous avons donc installé 18 pièges sur notre terrain… pour l’instant seules des mouches comment dire à m… se sont fait prendre… mais restons vigilants.
Nous tentons ce début de saison un nouveau modèle de piège… et un nouveau mélange 1/3 sirop de sucre, 1/3 jus de pomme et 1/3 vin blanc…
A l’automne le piège red box s’est avéré 4 fois plus efficace que les bouteilles d’eau minérales (mélange sirop de sucre et bière brune) avec cabochon adapté…
Je vous tiendrai au courant des résultats obtenus.
Bien sûr l’implication du plus grand nombre dans le piégeage des fondatrices et la destruction des nids primaires est absolument nécessaire pour les abeilles…. et leur survie.
Edith l’apicultrice.
Cycle de vie du frelon asiatique
La femelle fondatrice de frelon asiatique « vespa velutina nigrithorax » ne vit qu’une année. Le cycle de la colonie et le nid qu’elle génère est donc annuel. Sa vie commence en automne et sa fécondation a lieu avant l’hiver. Beaucoup d’éléments d’observation me laissent à penser que la fécondation a lieu dans la chambre supérieure du nid. Et que les femelles fondatrices mettent la main à la patte pour nourrir les larves et les mâles jusqu’aux premiers gels sérieux.
Aux premiers gels sérieux, les jeunes femelles fondatrices nouvelle génération, quittent le nid et trouvent une cachette pour passer l’hiver. Le reste de la colonie est abandonné à son triste sort, pénurie de nourriture et froid viennent à bout de la colonie et la structure se dégrade avec les intempéries. Les oiseaux y trouvent un maigre retour par rapport aux pertes subies.
Dès les premières douceurs de mi février (>13°C), les femelles fondatrices sortent d’hibernation, tout au moins celles dont la cachette permet un réchauffement rapide. Pendant quelques jours, elles se refont une santé si elles arrivent à trouver les sucres énergisants dont elles ont un besoin vital. Les rescapées démarrent un nouveau cycle infernal. Chacune sera seule pour fonder une nouvelle colonie : construire le nid (une alvéole chaque jour), pondre (un œuf chaque jour), se nourrir et nourrir ses larves jusqu’à ce qu’elles deviennent nymphes, puis adultes ouvrières, 45 jours après la ponte de l’œuf. Pendant cette période (du 15 février au 1er mai), elle est seule à assumer la survie de sa colonie. Contrairement aux abeilles, la femelle fondatrice passe la plupart de son temps en dehors du nid, jusqu’à la naissance des premières ouvrières, 45 jours après la ponte du premier œuf, c’est à dire aux environs du 1er mai. Après les premières naissances, la femelle fondatrice est remplacée dans son labeur, elle ne sortira plus du nid, elle ne fera plus que pondre comme une reine jusqu’à 100 œufs par jour et jusqu’à épuisement en automne.
Le moment clé pour piéger les femelles fondatrices, se situe donc au sortir de l’hibernation jusqu’au 1er mai (en fonction des aléas climatiques de l’année) ! ! ! . . . Pendant cette période, leurs besoins sont des sucres pour elles, des protéines pour nourrir les larves, des fibres de bois et de l’eau pour construire l’ébauche de la structure du nid. Il a été observé et cela s’explique peut-être, qu’elles ne s’aventurent pas près des ruches, car c’est trop dangereux pour elle et la survie de la colonie en dépend. Même si « vespa velutina nigrithorax« s’est vite acclimaté à nos territoires nouvellement envahis, dans son environnement d’origine (asie du Sud-Est), sa présence devant une ruche est beaucoup trop dangereuse. Les abeilles, là-bas, ont appris à se défendre jusqu’à conditionner les gênes de la femelle fondatrice de « velutina ». Ca risque donc de durer encore quelques années, sauf peut-être dans les Landes où les frelonnes ont très vite compris et n’hésitent pas à braver ce danger, sans réaliser qu’il faut braver aussi le poulet des Landes , très friand justement des frelons des ruches.
Il est incontestable qu’une fondatrice piégée et éliminée, ne fera jamais de nid ! Il est incontestable aussi que, si une fondatrice mène à bien sa colonie, c’est bien parce qu’elle n’a pas été piégée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle : piéger seul dans son coin ne suffit pas ! Il faut mobiliser le voisinage au plus large autour d’un nid découvert trop tard, et non détruit avant les premiers gels sérieux, afin d’essayer de toutes les piéger. La biologie du frelon n’a rien à voir avec celle de l’abeille. Une ruche (abeille) fait des réserves et la reine vit plusieurs années, elle ne sort pas de la ruche sauf pour essaimer ailleurs. La colonie de frelon meurt sans laisser de réserves, les rescapées de l’hiver devront tout refaire.
L’observation de l’invasion indique qu’en moyenne, le nombre de nids est multiplié par 5 l’année suivante si rien n’est fait (pas de destruction de nid et pas de piégeage de printemps).
Dans certaines zones test, le piégeage de printemps bien mené, a montré son efficacité. Si l’invasion gagne du terrain, c’est bien parce que très peu de monde piège au printemps. Les controverses sur les effets collatéraux du piégeage sans préciser que les pièges utilisés étaient de vulgaires pièges à guêpes du commerce (réputés abattoirs à insectes) ont semé le doute sur l’utilité et l’efficacité du piégeage de printemps. Cela a encouragé le « ne rien faire » en facilitant la propagation de « vespa velutina« . Il eut été judicieux de faire les mêmes études avec des pièges sélectifs, même s’ils ne sont pas parfaits. D’ailleurs existe-t-il quelques chose de parfait.
Le piégeage est un acte pouvant être lourd de conséquences, l’utilisation de pièges sélectifs est essentiel, leur surveillance est aussi essentielle pour éviter les dégâts collatéraux. (source AAAF)